Par Abdou Latif Coulibaly
Certains acteurs politiques se sont lourdement trompés en affirmant que les observations du Fonds Monétaire International (FMI) sur l’économie sénégalaise sont le reflet d’une « gouvernance désastreuse » de Macky Sall. Cette lecture erronée du rapport témoigne d’une incompréhension flagrante du contexte économique global et des dynamiques opérationnelles des finances publiques.
Les dirigeants politiques, souvent prompts à ignorer les critiques constructives, ne prennent pas en compte les véritables enjeux. Au lieu de chercher des solutions aux défis auxquels les populations font face, ils préfèrent détourner l’attention avec des arguments fallacieux. La récente mission du FMI, en septembre 2024, a été l’occasion pour certains d’accuser l’ancien régime, sans vraiment analyser le rapport dans son ensemble.
Fausse analyse de la situation économique
Des responsables, notamment Aminata Touré, ex-Première ministre, ont déclaré que le FMI pointait du doigt la mauvaise gestion de Macky Sall, sans fournir de preuves solides. Pourtant, une lecture attentive du rapport révèle tout le contraire. Le rapport précédent, publié en juin 2024, soulignait que la croissance économique sénégalaise était en hausse, atteignant 7,1 % en 2024 et 10,1 % en 2025, avec une baisse attendue de l’inflation. Comment expliquer alors cette contradiction apparente entre les deux rapports ?
L’une des erreurs majeures de cette analyse est de ne pas avoir pris en compte la perspective diachronique et synchronique des rapports du FMI. En d’autres termes, l’évaluation économique ne se limite pas à un instant précis mais doit être replacée dans une continuité temporelle et globale.
Un contexte économique favorable sous Macky Sall
En juin 2024, le FMI saluait les résultats satisfaisants des programmes économiques soutenus par l’institution. Malgré les tensions politiques et un contexte international difficile, tous les critères de performance de décembre 2023 avaient été respectés, à l’exception d’un. Des progrès notables avaient également été réalisés en matière de réformes structurelles.
Aminata Touré et d’autres critiques ont omis de tenir compte de ces faits. Ils se sont focalisés sur la récession constatée lors de la visite du FMI en septembre, sans admettre que cette situation pourrait être liée à la gestion de l’actuel gouvernement, en place depuis seulement quelques mois.
Une analyse erronée du rapport du FMI
Comme l’a souligné Mamadou Sy Tounkara dans une tribune, la détérioration économique en seulement deux mois semble peu probable si l’on prend en compte les signaux positifs relevés en juin. Les décisions de l’équipe actuelle, telles que la suspension des marchés publics et la réduction des investissements, ont indéniablement contribué à cet état de fait.
L’économiste Arona Omar Kane critique également avec véhémence la nouvelle gestion, pointant une augmentation excessive des dépenses publiques et des recrutements dans la fonction publique. De mai à juin 2024, 1148 nouveaux agents ont été recrutés, faisant bondir la masse salariale de deux milliards de F CFA. Cette dérive budgétaire, contraire aux promesses de rationalisation, ne fait qu’aggraver la situation économique.
Conclusion : Le FMI, un juge impartial
Les critiques envers Macky Sall et son gouvernement ne tiennent pas compte de la réalité économique. Si des difficultés existent, elles sont en grande partie liées aux décisions récentes de l’équipe au pouvoir. Le FMI, loin d’accuser l’ancien régime, avait même souligné les avancées significatives de la gouvernance précédente. Il est donc impératif de lire les rapports avec rigueur et d’éviter les raccourcis politiques qui nuisent à une compréhension objective de la situation économique du Sénégal.
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