Les multiples réflexions, recherches et initiatives sur les difficultés liées au développement des îles du Saloum ont toujours été dynamiques et intelligentes et auraient, naturellement, permis de les anéantir pour un meilleur progrès dans le Delta. Malheureusement, aujourd’hui encore, les îles du Saloum font face à d’énormes peines, dont l’enclavement qui est, sans nul doute, parmi les handicaps majeurs.
Les doléances les plus vieilles sont rangées aux oubliettes par les différents régimes qui se sont succédés, et cela, en dépit des potentialités que ces îles nichées dans le Delta du Saloum regorgent, notamment dans le domaine du Tourisme et de la Pêche Artisanale. Il aura fallu la défectuosité du ponton de Fambine révélée par le média Seneweb (novembre 2022), l’effondrement du ponton de Dionewar (Octobre 2022), pour relancer émotionnellement le débat sur l’énorme manque à gagner dans ces localités où les défis continuent d’interpeller les autorités étatiques.
L’ÉLECTRICITÉ, L’EAU, L’ÉROSION : LES ÎLES, TOUJOURS DANS LA TOURMENTE
Le Plan Sénégal Émergent (PSE) est certes une réalité dans sa mise en œuvre, mais n’est que presque mirage dans les îles du Saloum, pourtant réputés très fidèles au Président Macky SALL. Aujourd’hui, en 2022, de nombreux villages n’ont pas accès à l’électricité (Siwo, Diogane, Ngadior, Moundé), ce qui anéantit les efforts citoyens de modernisation et inhibe la marche vers le progrès. En effet, l’absence d’une électrification dans ces localités a des répercussions négatives sur l’éducation des enfants, sur la sécurité, sur la protection de la faune et sur le pouvoir économique avec, notamment, le faible temps de travail.
L’eau est une source vitale, dit-on. Mais l’est-elle à Rofangué et à Fambine, ces villages qui, jusqu’à ce jour, peinent à goûter la saveur de l’eau potable. Ce manque criard d’eau est pourtant une doléance prioritaire, souvent rappelé par les populations aux acteurs politiques, lors des campagnes électorales. Cette situation constitue une menace pour la santé des populations et pour les activités agricoles…
Ces deux dernières décennies ont été pour les îles du Saloum celles des plaintes et des prières pour la sauvegarde de leurs terroirs. La mer a presque ôté plusieurs mètres aux villages qu’elle ceinture. Les changements climatiques ont eu des conséquences néfastes sur l’architecture côtière. Les îles de Dionewar et de Niodior ainsi que les presqu’îles de Djifer et de Palmarin sont sous la menace de l’océan qui engloutit, chaque année, plusieurs mètres de leurs terres, sous le regard triste des populations presque laissées à elles-mêmes. Pourtant, la Banque mondiale, dans un rapport, alertait sur les conséquences de l’érosion côtière au Sénégal et dans trois autres pays de la sous-région, affectant 65% du littoral, avec 4 mètres de plage perdus chaque année.
Ces difficultés majeures continuent de freiner les îles du Saloum non seulement en terme de développement, mais aussi en terme d’accès aux politiques publiques et aux coopérations internationales.
À ces difficultés s’ajoutent l’absence d’infrastructures sanitaires, ce qui favorise l’accroissement du taux de mortalité et les risques d’handicap. Ce problème lié à la santé est persistant et nécessite des solutions efficientes pour sortir ces populations de leur enclave sanitaire. Cela passe nécessairement par des politiques publiques orientées vers ses préoccupations et par l’accès aux institutions de financements pour accompagner les initiatives locales et participer ainsi à la réduction de l’exode rural et de l’émigration irrégulière. En outre, les îles du Saloum ne sont pas dotées d’usines ou de manufactures de grandes envergures, ce qui est, sans doute, la source de démotivation des jeunes qui s’engagent dans l’émigration clandestine, phénomène qui tue en moyenne, chaque année, plus d’une cinquantaine de jeunes dans les îles.
L’État du Sénégal, dans son élan de territorialisation des politiques publiques et d’équité sociale, a, sous tous les régimes, pris moins en compte les questions prioritaires des îles du Saloum, qui pourtant, avec une bonne gouvernance, auraient déclenché la machine de son développement, en s’appuyant sur ses potentialités humaines, touristiques et écologiques. Il faut remarquer que même si les chefs d’États, respectivement, ont donné le feu vert pour procéder à la résolution des différentes problématiques dont les îles font face, des actions en ce sens tardent à être concrétisées.
À côté de ces difficultés matérielles, grandissent d’autres. Les îles du Saloum manquent de personnalités politiques d’envergure pouvant aujourd’hui porter les combats, non d’une manière individuelle, mais d’une façon collective. Les populations font des efforts mais manquent souvent de soutiens de la part des autorités étatiques et des municipalités, lesquelles, malgré leur volonté politique affichée, n’ont pas les moyens de leur ambition.
Par devoir moral, J’invite l’État du Sénégal à revoir sérieusement la donne dans les îles du Saloum pour mieux faire asseoir sa gouvernance. Les îles peuvent être un levier très incontournable dans le développement économique de la région de Fatick en Particulier et du Sénégal en général grâce à la diversité de ses atouts économiques et culturels. J’invite là, également la jeunesse des îles du Saloum, les cadres, les femmes et en général à toutes les couches sociales, à tenir de larges concertations, des forums, des panels pour mieux élucider les questions plurielles qui interpellent ces zones.
Assane SARR, Journaliste, Consultant Digital, Écrivain. Auteur de « PRÉMICES » paru en mai 2020 aux éditions Artige, de « EXALTATIONS » paru en mars 2022 aux éditions Fadiey, Co-auteur de « DE CRIS ET D’ENCRE » du Collectif Parlons Poésie paru en 2018 aux éditions Maîtres du Jeu.
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