Madame, Monsieur de la société civile,
En tant que journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation, je m’adresse à vous aujourd’hui avec une profonde préoccupation concernant l’état de la démocratie et de la transparence au Sénégal. Nous traversons une période critique où l’accès à l’information est plus que jamais menacé, et il est essentiel que la société civile se mobilise pour protéger ces droits fondamentaux.
Le droit à l’information et à son accès est un pilier de la bonne gouvernance et de la participation citoyenne. Toutefois, ce droit reste inopérant dans notre pays. Malgré les efforts constants des organisations comme Article 19 et le Forum Civil, la loi sur l’accès à l’information n’a toujours pas été adoptée, empêchant ainsi la transparence gouvernementale. Ce problème perdure sous l’actuel gouvernement.
Récemment, le 16 août 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko a clairement affirmé qu’il n’avait aucun compte à rendre ni à l’opposition, ni aux journalistes. Ces déclarations inquiétantes se sont concrétisées par un manque d’accès aux informations cruciales sur les sites ministériels, notamment les décrets, contrats et autres documents essentiels.
L’UNESCO, à travers l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, rappelle que l’accès à l’information est un droit fondamental. La Journée internationale de l’accès universel à l’information, célébrée chaque année le 28 septembre, est un rappel de cette importance. De plus, les Nations Unies ont fixé cinq principes mondiaux pour garantir l’intégrité de l’information : la transparence, la responsabilisation du public, des médias indépendants, et des incitations saines.
Malheureusement, ces principes sont ignorés par le gouvernement actuel, qui prive les citoyens d’un accès libre à l’information. En tant que journaliste spécialisée en data journalisme, je constate que le manque de données publiques essentielles compromet sérieusement la possibilité de mener des enquêtes approfondies sur la gestion publique. Le refus de publier les contrats publics et les accords non classifiés, ainsi que l’inactivité des sites des ministères, vont à l’encontre des engagements pris par le gouvernement.
Le slogan « Jubb Jubbeel Jubanti », prônant une révolution de la transparence, reste sans effet concret. J’en appelle donc à vous, acteurs de la société civile, à unir vos efforts avec ceux des journalistes pour exiger une transparence réelle de la part du gouvernement.
Nous demandons l’activation et la mise à jour régulière de tous les sites ministériels et institutions publiques, la publication des informations publiques, et un engagement ferme pour une gestion transparente des deniers publics.
Alors que les élections législatives 2024 approchent, la première épreuve démocratique sous ce nouveau gouvernement, il est crucial que chaque citoyen ait un accès total à des informations fiables pour exercer pleinement son droit démocratique.
Ensemble, avec la mobilisation de la société civile sénégalaise, nous pouvons faire avancer ce plaidoyer pour une démocratie plus transparente et responsable.
Je vous remercie pour votre attention et votre engagement.
Zaynab SANGARÈ
Journaliste indépendante spécialisée en data journalisme et journalisme d’investigation
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