Renégociation Urgente des Contrats Gaziers et Pétroliers au Sénégal : Enjeux et Perspectives

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Renégociation Urgente des Contrats Gaziers et Pétroliers au Sénégal : Enjeux et Perspectives

Les gisements de Sangomar, GTA et Yakaar représentent des opportunités prometteuses pour le Sénégal, mais les coûts élevés d’investissement mettent à mal les bénéfices attendus. La renégociation des contrats signés par le régime précédent est essentielle pour permettre au pays de profiter pleinement de ses ressources naturelles et alléger la lourde dette, qui dépasse désormais les 1000 milliards de francs CFA. C’est ce qui ressort de la rencontre entre les parlementaires et la société Petrosen Holding, tenue le mardi 23 juillet 2024, à Dakar.

Le potentiel gazier combiné de Sangomar, Yakaar Téranga et Grand Tortue Ahmeyin (GTA) est impressionnant, avec plus de 1000 milliards de m³ de gaz, auxquels s’ajoutent les réserves pétrolières de Sangomar, exploitées depuis le 11 juin dernier. Cependant, les coûts d’investissement pour exploiter ces ressources sont exorbitants, menaçant de réduire les bénéfices du Sénégal à des miettes. Des audits ont révélé que ces coûts sont « abusifs », soulignant la nécessité de renégocier les contrats en cours.

Le montant emprunté par l’État du Sénégal à Woodside Energy pour l’exploitation de Sangomar s’élève à 450 millions de dollars (260 milliards de francs CFA), tandis que pour GTA, il atteint 600 milliards de francs CFA au 31 décembre 2022, montant qui avoisine désormais les 800 milliards de francs CFA. Ces chiffres ont été présentés par Alioune Guèye, le nouveau directeur général de Petrosen Holding, lors de la rencontre avec les parlementaires. À cela s’ajoute la charge de la dette pour la période 2014-2021, estimée entre 7 et 8 %, soit respectivement 56 milliards et 64 milliards de francs CFA.

Pire encore, certaines compagnies ont déjà perçu des paiements sans avoir versé la moindre taxe ou impôt. Ce constat renforce la nécessité de renégocier ces contrats. Le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, et son Premier ministre, Ousmane Sonko, sont déterminés à revoir ces accords pour protéger les intérêts du Sénégal.

Selon Alioune Guèye, les coûts d’exploitation du projet de Sangomar, évalués entre 5 et 6 millions de dollars (3 et 4 mille milliards de francs CFA), auraient pu être financés plus facilement si les blocs pétroliers et gaziers avaient été hypothéqués dès le départ. Cette stratégie, utilisée par les compagnies pour lever des fonds, aurait permis au Sénégal de mieux gérer ses ressources sans s’endetter excessivement.

La renégociation des contrats est inévitable et justifiée. De nombreuses dépenses déclarées par les compagnies pétrolières et gazières ne sont pas justifiées, ouvrant la voie à une réévaluation des accords. Thierno Seydou Ly, directeur général de Petrosen E&P, soutient qu’il est possible de renégocier ces contrats si une partie se sent lésée ou ne peut honorer ses engagements. Il cite le différend financier entre British Petroleum (BP) et McDermott International autour du projet GTA comme un exemple de la nécessité de telles discussions.

Contrairement à la Mauritanie, qui a négocié un droit de veto pour protéger ses intérêts dans le projet GTA, le Sénégal n’a pas obtenu de telles garanties. Il est donc crucial d’engager des négociations pour revoir les termes des contrats et assurer des bénéfices équitables pour le pays. Alioune Guèye insiste sur l’importance de ces renégociations pour éviter que le Sénégal ne soit privé des avantages de ses ressources naturelles.

Les parlementaires, éclairés par cette discussion, ont critiqué le manque de patriotisme des négociateurs précédents. La députée Sokhna Ba a demandé que les contrats soient soumis à l’Assemblée nationale pour une meilleure transparence et compréhension, soulignant que des discussions préalables auraient probablement évité la situation actuelle.


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