Violence politique : La gifle de trop !
La honte ! Cāest le mot qui me vient Ć lāesprit. Et le dĆ©goĆ»t, le sentiment qui māenvahit devant ces images qui suscitent lāindignation aussi bien au SĆ©nĆ©gal quāĆ lāĆ©tranger. Une flĆØche de plus plantĆ©e dans la dignitĆ© des femmes.
Ce jeudi 1er dĆ©cembre le contrat social a Ć©tĆ© rompu au sein de notre AssemblĆ©e Nationale. DĆ©sormais, mĆŖme les dĆ©putĆ©s empruntent le fonctionnement des voyous et des dĆ©linquants.
Hier, les membres de lāopposition Massata Samb et Mamadou Niang ont littĆ©ralement tabassĆ© la dĆ©putĆ©e de la majoritĆ© Amy Ndiaye Gniby, lors de lāexamen du budget du ministĆØre de la Justice, et ces gestes aussi inattendus en ce lieu quāignobles et violents, constituent une violation des droits humains et posent un sĆ©rieux dĆ©fi Ć notre dĆ©mocratie.
De purs hommes ou des sous-hommes ? Non, un homme qui se respecte ne doit pas ĆŖtre capable de violences sur les femmes et il est urgent pour lāĆtat de changer la loi et de mettre les femmes Ć lāabri de la violence politique, car la violence Ć lāĆ©gard des femmes dans un parlement entrave gravement leur capacitĆ© Ć sāacquitter du mandat pour lequel elles ont Ć©tĆ© Ć©lues.
Un pays est souvent Ć lāimage de sa classe politique, et quel bien triste spectacle. De la violence verbale Ć la violence physique, il nāy a quāun bras celui de Massata Samb, ou un pied, celui de Mamadou Niang. Le crime devient dĆ©sormais possible jusque dans lāhĆ©micycle.
Le pays va mal. Et le mal est profond. Quāavons-nous appris ces derniĆØres annĆ©es ? De quels spectacles a-t-on Ć©tĆ© les tĆ©moins indĆ©sirables ? Dans notre pays coule un poison qui a un nom, la haine, comme un serpent dans nos Ć¢mes et nos veines, qui nous fait juge et en mĆŖme temps nous condamne et fait de nous ses complices. On sāentend sans se comprendre et le seul sentiment qui compte finalement, cāest de haĆÆr.
Lāopposition a encore le culot de rĆ©clamer des excuses publiques Ć Amy Ndiaye Gniby Ć qui elle reproche de prĆ©tendus propos polĆ©miques sur Serigne Moustapha Sy, guide moral des moustarchidines et prĆ©sident fondateur du Parti de lāUnitĆ© et du Rassemblement.
Mais nāest-ce pas plutĆ“t au peuple dāexiger des excuses de la classe politique ? Car quāen est-il de lāexemplaritĆ© de nos dirigeants et du modĆØle quāils sont sensĆ©s donner Ć nos enfants ? Ainsi quand nous ne sommes pas dāaccord avec une femme, il faudrait la frapper. Ce comportement machiste et irresponsable continue de saper les droits des femmes Ć participer librement et Ć©quitablement Ć la sociĆ©tĆ©.
Dāordinaire, dans lāimaginaire collectif, les dĆ©linquants misogynes, sont des agresseurs plutĆ“t pauvres et mal Ć©duquĆ©s et non des dĆ©putĆ©s ! Mais aujourdāhui, la vidĆ©o de lāagression a Ć©tĆ© diffusĆ©e sur Internet et les rĆ©seaux sociaux, contribuant, en plus de la violence faite Ć une femme, Ć lāimage catastrophique rendue de notre pays.
On ne sait pas encore quelles seront les consĆ©quences de ce triste spectacle quāont offert des parlementaires sĆ©nĆ©galais Ć la face du monde. Cāest du flagrant dĆ©lit qui ne doit pas rester impuni.
En attendant, on ne peut que constater que la violence contre les femmes en politique est un Ć©chec moral de notre sociĆ©tĆ©. Il me plairait cependant dāentendre toutes les femmes sāindigner, majoritĆ© ou opposition, associations ou leaders dāopinions car lĆ ce nāest plus de la politique, cāest une agression contre une de nos sÅurs.
Dieu merci, devant ces heures les plus sombres de lāhistoire de notre AssemblĆ©e Nationale, deuxiĆØme institution du SĆ©nĆ©gal, je me rĆ©jouis que les femmes aient le droit de vote dans notre pays, sinon je me dis que lāavenir serait une tragĆ©die.
Oumou Wane