Alors que les législatives anticipées du 17 novembre approchent, l’attaque contre le siège de Taxawu Sénégal marque un sombre épisode dans le paysage politique. Au-delà de l’indignation, ce climat tendu interroge sur la maturité de notre démocratie et la responsabilité des acteurs politiques.
La nuit du 28 octobre restera dans les mémoires comme un rappel brutal des dérives potentielles d’une compétition électorale mal encadrée. Le siège de Taxawu Sénégal, parti dirigé par Khalifa Sall, a été pris pour cible par un groupe d’individus, illustrant la montée des tensions à mesure que se rapproche l’échéance du 17 novembre. Cet acte de violence ne fait que refléter une triste réalité : la démocratie sénégalaise, pourtant vantée pour sa stabilité, semble aujourd’hui fragilisée par des pratiques qui éloignent le débat politique de ses véritables objectifs.
Les condamnations ont fusé, notamment de la part d’Anta Babacar Ngom Diack, présidente de L’Alternative pour la Relève Citoyenne et membre de la coalition Samm Sa Kaddu. Elle, comme d’autres, a rappelé que les principes démocratiques doivent être protégés, au-delà des divergences idéologiques. Mais à mesure que les accusations et les indignations se succèdent, une question demeure : les acteurs politiques sont-ils prêts à incarner cette responsabilité qu’ils prônent publiquement ?
Ce climat rappelle combien les défis de la démocratie sénégalaise ne se limitent pas aux campagnes de terrain ou aux mobilisations populaires. La véritable épreuve réside dans la capacité des acteurs politiques à adopter un comportement exemplaire et à éviter de faire basculer leurs partisans dans des affrontements inutiles. Dans le contexte actuel, chaque geste compte, et chaque déclaration peut enflammer ou apaiser une situation déjà délicate.
À qui la faute, alors ? Certains pointent l’insuffisance des dispositifs de sécurité mis en place par l’État, d’autres blâment un manque de retenue chez certains candidats et militants. Il est indéniable que la responsabilité est partagée. La sécurité publique est une mission première de l’État, et garantir la paix durant le processus électoral est une obligation. Mais au-delà des dispositifs sécuritaires, le respect mutuel entre adversaires politiques, lui, ne peut être imposé par aucune force de l’ordre.
Les législatives anticipées du 17 novembre offrent l’occasion d’un débat d’idées, d’un choix éclairé pour l’avenir du pays. Toutefois, si la violence persiste, ce scrutin pourrait laisser des traces indélébiles, ternissant l’image d’une démocratie sénégalaise autrefois citée en exemple en Afrique de l’Ouest. À quelques semaines de l’échéance, il est essentiel que chaque parti, chaque candidat, se souvienne que le pouvoir, quel qu’il soit, n’est qu’éphémère. La nation, elle, doit rester unie et pacifique.
L’attaque contre Taxawu Sénégal sonne comme un avertissement. La démocratie sénégalaise ne doit pas être prise en otage par des ambitions personnelles ou des affrontements idéologiques. Le Sénégal mérite mieux que des querelles destructrices ; il mérite un débat à la hauteur de ses valeurs et de ses ambitions pour l’avenir.
Emile Daly Sarr Journaliste
Comments are closed