Yoro Dia accuse Ousmane Sonko de dérive autoritaire : « Il va vers ses deux plus grandes défaites »

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L’ancien ministre et analyste politique Yoro Dia est sorti de sa réserve pour critiquer vertement les récentes déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko, qu’il accuse de dérives autoritaires. Pour Dia, le chef du gouvernement mène un bras de fer dangereux contre deux piliers de la démocratie : la presse et la justice.

Des propos jugés “menaçants et dictatoriaux”

Invité à commenter les sorties publiques de Sonko, Yoro Dia n’a pas mâché ses mots. L’ancien ministre de la Communication sous Macky Sall estime que le leader de Pastef affiche désormais une rhétorique inquiétante.

« Regarde ces déclarations, ces excès, ces menaces : Je vais effacer les gens. Tu menaces les magistrats, tu menaces les journalistes. Tu réduis le pays à ta personne », a-t-il lancé, en référence aux récentes prises de parole du Premier ministre.

À ses yeux, ces sorties traduisent un glissement vers un autoritarisme assumé, notamment lorsque Sonko qualifie l’opposition de “résidus”, comme il l’a fait récemment à l’Assemblée nationale. Une déclaration jugée grave dans un pays comme le Sénégal, où la pluralité démocratique est un acquis fondamental.

Presse et justice : deux fronts périlleux pour Sonko

Selon Yoro Dia, Ousmane Sonko s’engage sur une pente dangereuse : celle de l’affrontement avec les journalistes et les magistrats.

« Il va vers ses deux plus grandes défaites : le combat contre la presse et le combat contre les magistrats », prédit-il.

L’universitaire établit un parallèle avec les régimes autoritaires, qui commencent par utiliser la violence ou la manipulation pour accéder au pouvoir, avant de s’attaquer aux institutions de contrôle comme la presse libre et l’indépendance de la justice.

Il accuse Sonko de mener depuis plus d’un an une campagne de décrédibilisation des médias, qu’il chercherait à « museler », et de vouloir “domestiquer” la magistrature, un projet aux antipodes des principes démocratiques.

Une contradiction flagrante selon Yoro Dia

Pour Yoro Dia, le Premier ministre est aujourd’hui en train de s’attaquer à une magistrature qui l’a pourtant aidé dans sa trajectoire politique.

« Ce sont des magistrats qui l’ont sauvé de 2021 à 2024. C’est un juge qui l’a remis dans le jeu », rappelle-t-il, en référence aux décisions judiciaires qui ont permis à Ousmane Sonko de rester dans l’arène politique, malgré plusieurs démêlés avec la justice.

Yoro Dia appelle l’Union des Magistrats du Sénégal (UMS) à défendre avec fermeté l’intégrité de la justice sénégalaise. Il rend hommage à ceux qu’il qualifie de « brillants magistrats » ayant marqué l’histoire du pays.

« Un problème psychologique » ?

Dans une analyse plus personnelle, Yoro Dia suggère que le comportement d’Ousmane Sonko pourrait relever d’un refoulement politique.

« Jusqu’à présent, Ousmane Sonko ne digère pas le fait de ne pas être président », avance-t-il, estimant que le Premier ministre aurait besoin, selon ses termes, d’un « bon psychanalyste ».

Une défense ferme de l’État de droit

Yoro Dia conclut son intervention par une défense du rôle central de la justice dans une démocratie. Il rappelle que la Cour suprême, en s’opposant à certaines décisions du gouvernement, a démontré que “personne n’est au-dessus des lois, pas même le Premier ministre”.

« La justice est le seul service de l’État qui porte le nom d’une vertu », souligne-t-il.


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